L’histoire de lestelle en Béarn contée par Yves Dubertrand

Les débuts de Lestelle en Béarn

L’histoire de Lestelle en Béarn démarre en 1335 par Gaston II de Foix, fils de Roger-Bernard de Foix et de Marguerite de Béarn, époux d’Eléonore de Comminges et père de Gaston III dit « Fébus ». Le bourg fut bâti sur le territoire d’Asson et au quartier appelé Artigau. En souvenir de ce fait, Lestelle en Béarn payait tous les ans une redevance à Asson dont le montant s’élevait à trois livres.

Le tracé des rues de Lestelle en Béarn.

Lestelle en Béarn est une bastide. Son tracé est nettement marqué; toutes les rues sont tracées au cordeau et se coupent à angle droit. En nous promenant dans notre petite cité, nous pourrons découvrir toutes les caractéristiques de ces villes neuves du Moyen-Age. Deux rues sont orientées du Nord-ouest au Sud-est, s’élargissant en forme de fuseau au centre, où elles encadrent une grande place pour terminer en fuseau un peu plus loin. Ces rues, vous les avez reconnues: ce sont d’une part les rues Gaston de Foix et Henri IV, autrement dit la rue principale et de l’autre côté les rues Peyrounat et Jeanne d’Albret; la grande place est bien sûr notre place Saint-Jean.

Au-delà de l’artère Ouest se trouve une rue parallèle marquant l’emplacement des anciens fossés aujourd’hui disparus: c’est la rue Maréchal Leclerc. Seul le côté Est montre encore l’élément défensif que constituait le haut remblai dominant le cours du Gave. On ne peut hélas relever aucune trace de défense au sens propre du terme. Normalement, le village devait être fortifié, le souverain s’engageant à donner les portes et les habitants se chargeant de faire les terrassements. D’après les dispositions actuelles de la Bastide, il semble qu’il n’en ait rien été.

De nombreux privilèges furent accordés, notamment l’affranchissement, les concessions foncières, les franchises de pacages pour la transhumance, le droit de chasse et de pêche, l’exemption du droit de passage sur le pont en bois de Gatarram, une administration autonome, l’exemption du four banal.

L’administration de la ville

A cette époque, les villes du Moyen-Age avaient à leurs têtes ce que l’on dénommait un corps de ville, composé de Jurats dans le Sud-Ouest. C’était une assemblée restreinte composée de 4 à 7 membres, ce que nous pourrions dénommer un collège, c’est-à-dire un organe de délibérations prises en commun, un organe d’administration proprement dit de la ville. Lestelle en Béarn, bien entendu, n’échappait pas à cette définition. A la tête de la cité, on trouvait le premier jurat ou maire qui présidait les délibérations et avait une certaine préséance sur les autres membres. Il est intéressant de noter le mode de recrutement des jurats : ils étaient élus au suffrage universel par tous les habitants. Quant au maire, il était choisi sur une liste de trois noms présentée par le corps de ville au vicomte souverain.

Ces jurats, au nombre de quatre pour Lestelle en Béarn, étaient aidés par le garde-boursier qui avait pour mission de garder les caisses de la commune et par le notaire rural jouant le rôle dévolu aujourd’hui aux secrétaires de mairie; il notait notamment les procès-verbaux des séances. Une seule particularité, les réunions n’avaient pas lieu dans une salle, mais sur la place de l’église avec la présence de tous les habitants; si vote il y avait, celui-ci se faisait à main levée.

Une justice autonome

La plupart des chartes du Moyen-Age donnaient aux villes et aux bastides un droit de justice autonome plus ou moins grand selon le cas. Le code de justice régissant Lestelle en Béarn était fort curieux; le corps des jurats pouvait se transformer en parquet et tenir lieu de juge de paix d’où interpénétration de l’administration et de la justice, aux mains d’une seule et même autorité, celle des jurats.

Ainsi, ceux-ci tranchaient les différends et rendaient les jugements. A cet effet, il y avait même un pilori sur la place publique où les délinquants étaient exposés après jugement, ainsi qu’une prison.
Lestelle en Béarn se peupla rapidement, placée sur l’ancien chemin vicomtal dit de Saint-Pé, qui venait d’Ossau, passait par Mifaget, Capbis, vers Asson et Saint-Pé de Geyres. Elle se trouvait sur un lieu de passage fréquenté et au dénombrement de Gaston Fébus en 1385, on comptait 32 foyers dont le nom d’un de ceux-ci est porté encore par une maison du hameau: c’est celui de « Saumater». Dans ce même XIVème siècle pendant que notre village s’ouvrait à la vie, non loin de là naissait une petite chapelle consacrée à la Madone et qui plus tard prendra une grande importance, chapelle que nous connaissons sous le beau vocable de Notre-Dame de Bétharram.